L'église de Démouville

Histoire de l'eglise 

C’est au XIIIe siècle que fut commencée la construction de l’église de Demouville : un simple bâtiment rectangulaire qui constitue l’actuelle nef. Le mur sud a conservé à peu près l’aspect qu’il avait à cette époque : quatre travées séparées par des contreforts et percées d’étroites fenêtres en ogive.

Celles-ci sont placées en hauteur pour assurer la sécurité des lieux. Une petite frise en dent-de-scie au bord du toit est le seul ornement. L’intérieur fut garni d’une voûte semi-circulaire en lattes de bois. Au début du XIVe siècle, l’église fut largement agrandie.

 

Les travaux commencèrent par la construction d’un chœur particulièrement vaste. Ordonné en quatre travées, plus hautes que celles de la nef, il est percé de larges verrières et est voûté de pierres. Dans la première travée, une porte actuellement murée, servait, pour les offices mortuaires, à sortir le mort directement dans le cimetière. On construisit également un petit porche couvert (disparu en 1944) sur le mur sud ; on en voit encore la trace avec une porte murée. La petite fenêtre de la quatrième travée fut également remplacée par une élégante fenêtre plus large. Egalement, pour augmenter la luminosité de l’intérieur, on ouvre, dans le pignon ouest, au- dessus de la petite porte primitive, une grande verrière dont n’a été conservée que la partie supérieure. On poursuivit par l’édification du clocher, muni d’un petit escalier à vis pour atteindre la plate-forme supérieure à 20 mètres de haut. La construction massive du clocher était prévue pour permettre l’édification d’une flèche…mais ce ne fut jamais le cas. Dans le même chantier fut construite la chapelle de la Vierge, à l’angle du chœur et du clocher. Puis on construisit un bas-côté sur trois travées, en remplaçant la partie correspondante du mur nord par trois arcades soutenues par des piliers.

 Au XVe siècle, le pignon Est de la chapelle de la Vierge fut orné d’une très belle verrière de style «flamboyant», car les nervures ondulées rappellent la forme des flammes. L’église est maintenant suffisamment vaste pour contenir une population de plus en plus importante. 

C’est dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, période relativement prospère, que l’église reçut l’ornementation intérieure qui en fait la grande valeur. Le grand autel, magnifique monument avec son baldaquin doré porté par six colonnes de pierre, est surprenant dans l’église d’un village rural. Le groupe sculpté (la Vierge et Saint-Joseph adorant l’enfant Jésus) se retrouve sur d’autres autels, dont celui de la Gloriette à Caen. Il est possible qu’il ait été transporté de l’abbaye de Troarn qui patronnait la paroisse de Demouville. De grands lambris de chêne sculptés furent placés dans le chœur. Les deux panneaux centraux, ornés d’une «gloire» émanant du triangle symbolisant la sainte Trinité, sont particulièrement remarquables. De belles grilles de ferronneries, ornées de motifs religieux, ferment le chœur et forment la table de communion. Un grand lutrin, placé à l’origine au milieu du chœur, complète la décoration. Près de l’entrée, deux confessionnaux sont de précieux meubles, finement sculptés dans le style de l’époque. C’est également dans la même période que fut construit le grand portail d’entrée. Majestueux, mais obturant la partie basse de la grande verrière, avec laquelle aucun raccordement n’a été cherché.

En 1836, le bas-côté fut allongé de deux travées, avec un respect du style du XIVe siècle. En 1944, l’église fut sérieusement touchée par les tirs aériens. La toiture de la nef fut anéantie, mais les voûtes du chœur résistèrent et en protégèrent la décoration. Mais de nombreux aménagements du XIXe siècle, dans la nef, furent perdus, ainsi que le porche couvert et la sacristie. Au milieu de la nef, à droite, un tableau du XVIIe siècle «Christ soutenu par un ange», précédemment attribué à Taddeo Zuccaro (peintre italien), est l’œuvre d’Hendrick Goltzius qui a copié une fresque du peintre et graveur flamand Bartholomeus Spranger. Ce tableau est le seul qui ait survécu après les bombardements.

 C’est à l’occasion d’une nouvelle restauration effectuée en 2014 que des recherches ont été entreprises et ont permis d’en retrouver l’auteur. Les dommages de guerre permirent de refaire la charpente et le toit de la nef, mais seulement un plâtrage assez médiocre pour le plafond intérieur. Peu à peu, il fut possible de restaurer les boiseries, les confessionnaux et reconstruire une sacristie.



Le drapeau rigide en métal, aux couleurs de la République Française, planté en haut de la tour du clocher peut intriguer.

Rappelons que la mise au pas du clergé fut engagée sous la Révolution dès juillet 1790, poursuivie pendant la Commune et affirmée durablement dans le marbre de la loi par la Troisième République. La Constitution civile du clergé de 1791 en a été une étape fondatrice en imposant aux émissaires du Vatican le respect des principes de la République. Les prêtres se sont alors répartis entre les jureurs et les réfractaires. Il reste quelques souvenirs encore visibles, sur certaines églises, de l'époque où la République imposa à l'Église catholique un siècle plus tard en 1871, qu'elle courbe l'échine devant le triptyque "Liberté, égalité, fraternité".

Retiré pendant la seconde Guerre mondiale, le drapeau a été remis en place en 1946. A priori, les trous ont été faits par des tirs de carabine 22 long rifle, le drapeau ayant servi de cible lors d'une soirée festive...


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